Chaque difficulté doit être l’occasion d’un nouveau progrès
Pierre de COUBERTIN
Beaucoup de personnes aujourd’hui manifestent un sentiment de fatigue récurrente, inhibition, insomnie, anxiété, angoisse, indécision. Souvent ces manifestations sont assimilées à des symptômes dépressifs.
Les « chocs », peur, angoisse, sentiment d’enfermement qu’ont parfois généré la période du COVID pour certaines personnes, ont été révélateurs de prise de conscience et de la nécessité de reconsidérer certaines priorités dans ce contexte de « chao ». Ce processus est encore latent et ses impacts toujours mesurables.
A ce constat, s’ajoute l’accélération des outils digitaux, de gestion, l’innovation comme l’intelligence artificielle, qui inspirent mais également effraient et scindent l’individu dans des émotions et projections contradictoires : « envie, curiosité et avancement » d’un côté et « peur, appréhension et besoin de sécurité »de l’autre.
Un paradoxe interne qui associé aux transformations propres de l’individu et celles des organisations et de l’environnement plus large sociétal, peuvent créer des situations de rupture, décrochage.
Je vous partage ci-joint quelques éléments, dont un extrait de livre dont les questions sont toujours d’actualité et des liens sur des articles et références sur le site de l’INRS concernant la question du Burnout.
Extrait de : L’ouvrage de Alain Ehrenberg paru le 01 octobre 1998, pose une question intéressante et de moins point de vue, plus qu’actuelle
« Et si la dépression était surtout le révélateur des mutations de l’individu »
Je vous partage ici l’extrait du livre « LA FATIGUE D’ÊTRE SOI » –
de Alain EHRENBERG – Sociologue – publié en 2000 aux éditions Poches Odile JACOB
« En moins d’un demi- siècle s’est produite une inflexion dans le monde d’institution de la personne. Nous avons été préparés par la 1ere vague de l’émancipation qu’était la révolte de l’homme privé contre l’obligation d’adhérer à des buts communs, par ces évangiles de l’épanouissement personnel dont Philip RIEFF annonçait en 1966, le futur triomphe. Nous sommes aujourd’hui, dans le 2ème vague, celle des tables de l’initiative individuelle, de la soumission à l’égard de norme de performance : l’initiative individuelle est nécessaire à l’individu pour se maintenir dans la sociabilité. L’inhibition et l’impulsivité, le vide apathique et le remplissage stimulant l’escortent comme une ombre. Les idéaux comme les contraires se sont modifiés. A la fin des années 1960, l’émancipation est le mot d’ordre fédérateur de la jeunesse : tout est possible.(…) Une liberté de mœurs inédites se greffe sur le progrès des conditions matérielles et l’ouverture des trajectoires de vie, cette mobilité ascendante était devenue une réalité tangible au cours de la décennie. Si la folie apparaissait dans le débat public au début des années 1970 comme un symbole de l’oppression moderne plus que comme une maladie mentale, c’est bien que tout est possible-le fou n’est pas malade, entendait – on, il est différent et c’est de la non acceptation de cette différence qu’il souffre.
(…)Trente ans plus tard, un anti-mot d’ordre risque de s’imposer : rien n’est possible. Un sentiment d’écrasement sur le présent envahit les esprits. La fermeture des conditions matérielles de vie et de décrochage d’une partie de la population que le mot exclusion désigne, confirme ce sentiment. Des demandes multiples de sens bruissent partout. Le thème du rappel de la loi et des limites à ne pas dépasser succède manifestement aux aspirations collectives à ce qu’on ne mette plus de limites la liberté de choisir sa vie. L’histoire de la dépression nous a aidé, je crois, à comprendre ce retournement social et mental . Son irrésistible ascension imprègne les deux couples de modifications ayant affecté le sujet de la 1ere moitié du XXème siècle, la libération psychique et l’insécurité identitaire, l’initiative individuelle et l’impuissance à agir.(…) L’individu en sort confronté à d’autres messages venant de cet inconnu qu’il ne maîtrise pas, de cette part d’irréductible que les Occidentaux ont appelé inconscient : au lieu de faille intime, où les éléments sont en rapport parce qu’en conflit, une béance intérieure, où il n’y a ni conflit ni rapport. (…) Parce que nous ne reviendrons pas en arrière, il importe au 1er chef de comprendre que l’inconnu en nous se transforme, que les coûts se déplacent comme les gains. L’émancipation nous a peut être sortis des drames de culpabilité et de l’obéissance, mais elle nous a certainement conduits à ceux de la responsabilité et de l’action. C’est ainsi que la fatigue dépressive a pris le pas sur l’angoisse névrotique. »
Référence site INRS (santé et sécurité au travail) qui conduit les programmes d’étude et de recherche pour mieux connaître les risques professionnels, analyser les conséquences sur la santé du salarié et proposer des moyen de prévention :
« Epuisement professionnel et Burnout» –
www.inrs.fr/risques/epuisement-burnout/ce qu’il faut retenir.html